Quand on parle d’équilibre, à quelle image pense-t-on?
Souvent l’image venant spontanément à l’esprit est celle d’une balance.
Cette balance donne un visuel relativement linéaire et statique. En effet, un changement de poids dans une coupole crée un mouvement d’ajustement, puis, un statisme survient jusqu’au prochain changement apporté.
S’il est question d’illustrer l’équilibre de vie, cette balance n’est pas une image représentative des divers facteurs dynamiques à considérer. En effet, dans l’équilibre de vie, il y a notamment plus que deux coupoles à considérer et le but n’est pas que ces coupoles soient toutes parfaitement égales. L’équilibre de vie est davantage complexe, dynamique et personnalisé à chaque individu.
Voici trois exemples d’analogie plus significatives pour illustrer l’équilibre de vie :
Ces trois images mettent l’accent sur un point clé : l’équilibre de vie est un processus dynamique constant.
Que ce soit en planche en neige, en bicyclette ou en planche en pagaie, il y a un ajustement de la trajectoire. En effet :
– la trajectoire est évolutive en fonction de nos choix (mouvements pour avancer et ralentir, repositionnement et changement de direction);
– les microajustements font partie des stratégies pour la destination visée.
Les repositionnements peuvent se faire tant en fonction de facteurs externes (ex : imprévu sur le trajet prévu) que de facteurs internes (ex : désir d’ajuster le trajet emprunté pour répondre à un nouveau besoin) afin de tendre vers un trajet agréable.
L’équilibre est alors une recherche d’harmonie dans le mouvement. On pourrait alors dire que l’équilibre de vie est une recherche d’harmonie via les gestes de notre quotidien pour effectuer les occupations dans nos diverses sphères de vie (personnelle, familiale, sociale, professionnelle / académique / bénévolat, vie domestique). Ceci nécessite une sensibilité à ce qui se passe autour de soi, mais aussi à l’intérieur de soi.
Être à l’affût de ce qui se passe autour de soi et à l’intérieur de soi permet alors d’être à l’écoute des besoins présents et de faire les ajustements nécessaires. Ces besoins peuvent être variables dans le temps et sont ainsi à réévaluer fréquemment. De plus, il est impossible d’être toujours en équilibre. Il n’y a pas de mal à mettre plus de temps sur l’une ou l’autre de ses sphères de vie quand celle-ci l’exige (ex. : un comptable ayant une charge de travail plus élevée durant le temps des impôts), et quand on sait que cette situation demeurera temporaire. La vie est ponctuée de déséquilibres temporaires et accepter cette réalité permet de trouver des stratégies pour passer au travers ces périodes de façon réaliste, en accord avec nos capacités. Comme en planche à neige, en bicyclette ou en planche à pagaie, on prendra de la vitesse à certains moments alors que parfois notre besoin sera davantage de ralentir ou d’ajuster notre technique en fonction du trajet et/ou de prendre une pause et/ou de changer de direction. Emprunter un chemin ne correspondant pas à nos besoins et le maintenir sans réajustement entraîne sinon une fatigue (physique, cognitive et/ou émotive) pouvant s’accentuer au fil du temps et nous amener vers un déséquilibre (ex : surinvestissement ou sous-investissement de certaines sphères de vie).
Ajuster son équilibre entre les sphères de vie consiste ainsi à considérer ce qui est vraiment important pour soi et être à l’écoute de ses différents besoins, ceux-ci pouvant changer dans le temps. Pour ce faire, il est aidant d’avoir une bonne connaissance de soi, d’observer si nos actions sont conséquentes avec nos besoins et nos valeurs ainsi que de réorienter notre quotidien en fonction de nos priorités. L’équilibre de vie n’est ainsi pas le trajet initial suivi de façon rigide, mais bel et bien un processus dynamique reposant sur la présence attentive à divers facteurs orientant nos réajustements.
Finalement, comme la planche à neige, la bicyclette et la planche à pagaie, l’équilibre de vie ne se maîtrise pas du premier coup. On apprend plutôt à tendre vers un équilibre de vie au fil de ses expériences, de ses apprentissages et de ses prises de conscience.
Marie-Michèle Bertrand
Ergothérapeute
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*Texte inspiré de l’article : L’ÉQUILIBRE DE VIE : UN MOUVEMENT DYNAMIQUE de Isabelle Soucy, psychologue.